La Courtine

Le portrait d'hommes et de femmes devant l'un des bâtiments du camp de la Courtine, dans le département de la Creuse, dans les années 1940. 

 

Plaque de verre numérisée par Gilles Arizolli, membre de la cinémathèque et issue d'un fonds, découvert par M. Continsuzart et déposé par l'association "La Courtine 1917", localisée à Guéret. Toutes les photographies ont été réalisées par le photographe creusois Simonet. 

 

En 1916, alors que le Première Guerre Mondiale sévit sur le continent européen, la France s'enlise peu à peu dans les combats, notamment dans le nord-est du territoire. Le gouvernement français, partie intégrante de la Triple Entente, fait appel à ses alliés dans le but d'endiguer les combats de plus en plus atroces et difficiles pour les hommes du Front. Ainsi, à la suite d'un consensus diplomatique et militaire, l'empire russe, sous l'égide du tsar Nicolas II, envoie des soldats russes en Europe occidentale pour aider les troupes frnaçaises et espérer alors un nouveau dynamisme militaire victorieux. 

Un corps expéditionnaire d'environ 20000 Russes quittent l'empire pour la France mais aussi pour les Balkans. Pleines d'espoir, les populations françaises accueillent, d'abord à Marseille où ils accostent, les militaires du Tsar dès 1916. Néanmoins, les traitements à l'encontre les nouvelles recrues de la France mènent à une première muniterie à la suite de la mort d'un colonel dans la cité phocéenne. L'incident n'est ni vraiment relevé, ni suivi par les autorités françaises et les soldats russes rejoignent les troupes combattantes vers l'est français. Dans des conditions inhumaines dans les camps militaires, les pertes sont significatives dans les rangs alliés. S'ajoutant à une reconnaissance française moindre, un traitement indifférent voire cruel, les soldats russes cessent de s'engager sur les combats et demandent leur rapatriment en Russie. Alors que les échos de la Révolution russe, débtutée en février, arrivent en Occident, les hommes expatriés se considèrent comme une monnaie d'échange, simplement utilisés par le pouvoir tsariste vacillant pour acquérir quelques armes. Les premiers heurts et une seconde mutinerie éclatent. Soucieux, les responsables militaires de la France interviennent et décident d'envoyer les contigeants de l'Est dans des camps reculés pour éviter l'éventuel soulèvement des hommes français et européens, eux aussi durement éprouvés par la Grande Guerre. Une partie des Russes est envoyée dans les Vosges tandis qu'une autre et acheminée vers la Creuse, à la Courtine. 

En juin 1917, les première et troisième brigades russes, composées d'officiers, de sous-oficiers, de caporaux, soldats et d'un vivier armé, débarquent dans le village creusois. Rapidement, la composition sociale et politique créent des tensions au sein des troupes. Le contingeant militaire se sépare ; une partie reste au sein du camp de la Courtine alors qu'une autre s'établit à Felletin. Les soldats restés à la Courtine rejettent toute autorité française et s'émancipent des mesures délivrées. La Courtine devient un camp auto-géré où, entre autre, le spectre du bolchévisme est présent. Les Russes semblent s'accomoder de la situation et entretient des liens avec la population locale. 

Malgré une entente relative à la Courtine, l'Etat-major français craint un soulèvement des Français à l'image de celui des Russes et une circulation des idées révolutionnaires. Il s'engage donc à préparer une intervention en Creuse pour endiguer la situation, qualifiée de mutinerie. Après le déploiement d'une troupe autour du camp et des affrontements, les mutins se rendent le 19 septembre 1917. Il est dénombré plusieurs morts.

Les mutineries des soldats russes envoyés en France deviennent ainsi le reflet d'une guerre qui dure et s'enlise. Elles sont la traduction d'un état torturé et en souffrance permanent des hommes qui, plongés dans l'horreur de la Grande Guerre, luttent pour survivre avec une amère sensation d'abandon. 

Date : Années 1940
Types de vue : 
Portrait
Groupe
Plan large
Localisation :  23100 La Courtine, France
Référence original :  LAC02_00025